PĂ©nuriede compĂ©tences. « Le candidat qui rĂ©duit son CV Ă  sa plus simple expression et ne s'embarrasse pas d'une lettre de motivation se dit que le marchĂ© a trop besoin de compĂ©tences pour Etude– Le soutien-gorge sert-il vraiment Ă  quelque chose? L'utilitĂ© de cette piĂšce de lingerie est remise en question par un mĂ©decin du sport de Besançon. Il COMMUNE le 13/10/2020 Ă  18:50 Oui, ça sert, mais surtout Ă  mon sens, parce que dans les poĂšmes, il y une certaine musicalitĂ© : le rythme des vers, la rime. Lart sert-il Ă  quelque chose? Et dites que l'art ne sert Ă  rien si ce n'est qu'Ă  lui-mĂȘme, on vous fera de gros yeux. L'art pour l'art, la littĂ©rature pour la littĂ©rature, autant de vieilles lunes? Beaucoup, en tout cas, sont d'accord pour dire que la littĂ©rature, l'art ne doivent pas se mettre au service d'une cause politique. La littĂ©rature au service de la Notion: L'art (latin ars, grec technĂš) dĂ©signe en un sens toute activitĂ© technique: pour fonctionner correctement, une chaudiĂšre doit ĂȘtre installĂ©e selon les rĂšgles de l'art, c'est-Ă -dire selon les normes techniques que doivent respecter les chauffagistes professionnels, qui sont des artisans − au mĂȘme titre que les maçons, les charpentiers, ou encore les coiffeuses. Arten l'art ce dit "ars" est exprime la technique, les savoir faire mais aussi la crĂ©ation artistique. Un artisan maitrise un art de technique et un artiste un talent particulier qui rend apte Ă  crĂ©er la beautĂ© en premier lieu. L'art ne ressemble pas aux sciences. W46hCrV. La question de la beautĂ©, dans l’AntiquitĂ©, est liĂ©e essentiellement Ă  beautĂ© naturelle, qui reprĂ©sente l’idĂ©al ou le modĂšle de la beautĂ©. L’art, cherchant Ă  rivaliser avec la nature, ne produit que des imitations, il est artifice ». Hegel 1770-1831 explique en quoi l’imitation de la nature demeurait la principale finalitĂ© de l’art grec Zeuxis peignait des raisins qui avaient une apparence tellement naturelle que les pigeons s’y trompaient et venaient les picorer, et Praxeas peignit un rideau qui trompa un homme, le peintre lui-mĂȘme. On parle, dans ce cas, d’un triomphe de l’art » EsthĂ©tique I, 1829. Il ajoute On peut dire d’une façon gĂ©nĂ©rale qu’en voulant rivaliser avec la nature par l’imitation, l’art restera toujours au-dessous de la nature et pourra ĂȘtre comparĂ© Ă  un ver faisant des efforts pour Ă©galer un Ă©lĂ©phant ». S’établit avec Hegel et pour l’ensemble de la philosophie moderne un renversement total c’est dĂ©sormais par rapport Ă  l’homme que la nature est pensĂ©e La beautĂ© artistique, fruit de l’esprit, est supĂ©rieure Ă  la beautĂ© naturelle » EsthĂ©tique, dĂ©but de l’introduction. Oscar Wilde, Ă©crivain irlandais, l’auteur du Portrait de Dorian Gray 1891, influencĂ© par les Ă©crits sur l’art de Baudelaire et de ThĂ©ophile Gautier, va jusqu’à affirmer que ce sont la nature et la vie qui imitent l’art Des jeunes hommes se sont suicidĂ©s parce que Rolla [hĂ©ros de Musset dans le roman Ă©ponyme de 1833] et Werher [hĂ©ros de Goethe dans le roman Les souffrances du jeune Werther de 1774] se sont suicidĂ©s ». Les personnages rĂ©els imitent des personnages de fiction. Et nous sommes, en peinture, au tout dĂ©but du mouvement impressionniste. Il n’empĂȘche que les apprĂ©ciations d’Oscar Wilde peuvent sembler aujourd’hui critiquables d’aprĂšs la conception moderne de l’art, les Monet sont supĂ©rieurs aux Corot ; les couchers de soleil de Turner sont, Ă©crit Wilde, tout Ă  fait passĂ©s de mode 
. Les admirer est un signe marquant de provincialisme. » Nietzsche 1844-1900 va idĂ©aliser l’artiste, et l’opposer au philosophe et Ă  ce que nous appelons finalement, aujourd’hui, depuis Zola et l’affaire Dreyfus, l’intellectuel. Seule la vie de l’artiste mĂ©rite d’ĂȘtre vĂ©cue. Dans La Naissance de la TragĂ©die, Nietzsche renverse les valeurs Ă©tablies par certains Grecs Socrate est principalement visĂ© en expliquant que l’art est un remĂšde contre toutes les maladies de la rĂ©alitĂ©. Nietzsche n’aime pas la rĂ©alitĂ©. Il dĂ©fend au contraire le monde de l’apparence et de l’illusion, celui de la lĂ©gĂšretĂ© et de la superficialitĂ©. Nietzsche, qui n’aime pas non plus l’esprit de sĂ©rieux, est restĂ© un enfant. L’artiste reprĂ©sente l’homme vrai ». Il faut lire, Ă©crit-il encore, les livres qui vous apprennent Ă  danser » Humain, trop humain, I, § 206, 1878 et 1886. Superbe visite de l’expo de Philippe CognĂ©e qui m’a interpellĂ© sur l’art et le rĂŽle de l’artiste ! Dans toutes les cultures et tout au long de son histoire l’art a accompagnĂ© l’homme, dans sa vie sociale et spirituelle. L’art est nĂ© avec l’homme, bien avant la prĂ©histoire, et se dĂ©cline sous de multiples formes architecture, sculpture, peinture, musique, danse, poĂ©sie, littĂ©rature et cinĂ©ma 
 mais aussi bien Ă©videmment l’art de vivre, l’art d’aimer 
 Dans tous les domaines, chaque gĂ©nĂ©ration d’artistes ou d’artisans a voulu aller plus loin’, rĂ©inventer les rĂšgles, les techniques, Ă©voluer dans son approche et son langage. Philippe CognĂ©e Philippe CognĂ©e, nĂ© en 1957, expose depuis 1982 une peinture qui signe le renouveau d’une certaine figuration contemporaine. C’est l’un des premiers artistes de sa gĂ©nĂ©ration reconnu pour avoir donnĂ© une impulsion nouvelle aux techniques picturales. Sa technique de peinture Ă  la cire, retravaillĂ©e ensuite par pression Ă  chaud sur la toile pour obtenir des fusions et des explosions de matiĂšre, amĂšne ce flou artistique qui rĂ©veille en nous le pouvoir de la suggestion et de l’émotion Expo Philippe CognĂ©e au musĂ©e de Grenoble Qu’est ce que l’art ? Si l’art n’a cessĂ© d’évoluer Ă  travers le temps dans ses techniques et son langage, n’a t il pas toujours eu la mĂȘme mission auprĂšs de l’homme ? Les bibliothĂšques du monde entier sont remplies de livres sur l’histoire de l’art, le sujet est vaste et il serait donc audacieux de vouloir dans cet article rĂ©pondre Ă  cette question. C’est donc une question ouverte, et pour aiguiser votre rĂ©flexion, aprĂšs visite du site le monde des arts’, je vous propose une sĂ©lection de citations d’artistes Ă  propos de l’art et de sa pratique. *** Citations William H. Johnson L’art ne peut pas ĂȘtre moderne, l’art est Ă©ternel » Egon Schielle Griffonner, gratter, agir sur la toile, peindre enfin, me semblent des activitĂ©s humaines aussi immĂ©diates, spontanĂ©es et simples que peuvent l’ĂȘtre le chant, la danse ou le jeu d’un animal qui court, piaffe et s’ébroue Hans Hartung Pourquoi ne pas concevoir comme une Ɠuvre d’art l’exĂ©cution d’une Ɠuvre d’art » Paul ValĂ©ry PiĂšces sur l’art La nouveautĂ© est dans l’esprit qui crĂ©e, et non pas dans la nature qui est peinte » EugĂšne Delacroix Le travail de l’artiste est de toujours sonder le mystĂšre » Francis Bacon William H. Johnson Faut-il peindre ce qu’il y a sur un visage, ce qu’il y a dans un visage, ou ce qui se cache derriĂšre ce visage ? » Pablo Picasso Devant la nature elle-mĂȘme, c’est notre imagination qui fait le tableau » Paul Gauguin Il y a en somme en peinture plus Ă  chercher la suggestion que la description » Paul Gauguin En art, il n’y a pas d’effet sans entorse Ă  la vĂ©ritĂ© » Georges Braque Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la rĂ©alitĂ©, parce que la rĂ©alitĂ© est opposĂ©e au spirituel » Piet Mondrian L’art doit naitre du matĂ©riau et la spiritualitĂ© doit emprunter le langage du matĂ©riau » Jean Dubuffet C’est l’imagination qui donne au tableau espace et profondeur » Henri Matisse L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible » Paul Klee L’art existe Ă  la minute oĂč l’artiste s’écarte de la nature. Ce par quoi il s’en Ă©carte lui donne le droit de vivre » Jean Cocteau La DifficultĂ© d’ĂȘtre Kandinsky Requalifier le rĂŽle de l’art, signifie pour l’artiste reconquĂ©rir son propre territoire, reporter sa propre pratique au-dedans des frontiĂšres spĂ©cifiques d’une opĂ©ration qui ne se mesure pas avec le monde, mais avant tout avec sa propre histoire et avec l’histoire de son propre langage » Achille Bonita Oliva La Transavantgarde italienne La peinture est un art, et l’art dans son ensemble n’est pas une crĂ©ation sans but qui s’écoule dans le vide. C’est une puissance dont le but doit ĂȘtre de dĂ©velopper et d’amĂ©liorer l’ñme humaine » Wassily Kandinsky Du spirituel dans l’art *** Et pour vous ? Que vous inspirent ces rĂ©flexions ? Quelle place tiens l’art dans votre vie ? Êtes vous plutĂŽt Musique ? danse ? peinture ? littĂ©rature ? ou 
 art de vie ! Dites moi tout dans les commentaires ! A bientĂŽt, Jyco Vous avez apprĂ©ciĂ© cet article ? Vous apprĂ©cierez Ă©galement – 5 idĂ©es pour stimuler votre crĂ©ativitĂ© La Foire internationale d'art contemporain Fiac, qui s'ouvre jeudi Ă  Paris, illustre plusieurs des travers dĂ©noncĂ©s par les pourfendeurs de ce milieu. Des critiques qui ne sont pas toutes rejetĂ©es par les acteurs de ce marchĂ© jeudi 18 au dimanche 21 octobre se tient "l'Ă©vĂ©nement le plus drĂŽle de Paris", du moins aux yeux de l'animateur Pascal Praud la Fiac, la grande foire d'art contemporain qui investit chaque annĂ©e le Grand Palais Ă  Paris. Fervent dĂ©fenseur du "bon sens", le chroniqueur tĂ©lĂ© ne manque pas une occasion de qualifier l'art contemporain de "plus grande escroquerie de notre Ă©poque", et avait raillĂ© la Fiac en 2014, sur RTL, expliquant qu'on pouvait y voir "des gogos blindĂ©s jusqu'Ă  l'ISF ... se pĂąmer devant une sculpture reprĂ©sentant une crotte de chien". >> VIDEO. Vous ĂȘtes totalement hermĂ©tique Ă  l'art contemporain ? Ces quatre Ɠuvres pourraient bien vous faire changer d'avis. Il n'est pas le seul Ă  avoir ce point de vue. L'Ă©vĂ©nement, destinĂ© Ă  la fois aux collectionneurs et aux curieux, cristallise chaque annĂ©e toutes les critiques habituelles entendues au sujet de l'art contemporain. Elles reviennent dans la bouche de nombreux sceptiques, qu'ils soient hermĂ©tiques Ă  l'art en gĂ©nĂ©ral ou plus particuliĂšrement fanatiques des peintres et sculpteurs des siĂšcles prĂ©cĂ©dents. Et peut-ĂȘtre que vous-mĂȘme, qui lisez cet article, en faites partie. Nous avons tentĂ© de rĂ©pondre Ă  six affirmations trĂšs rĂ©pandues quand il s'agit de pourfendre l'art contemporain, et de dĂ©celer leur part de vĂ©ritĂ© ou de caricature. "Je ne vois pas pourquoi je devrais aimer des Ɠuvres moches" Vous l'avez remarquĂ© les artistes contemporains ne cherchent plus forcĂ©ment Ă  faire du beau. La journaliste et critique d'art Elisabeth Couturier reconnaĂźt elle-mĂȘme que la beautĂ© "n'est pas ce qu'on attend en prioritĂ©" dans le milieu. "On espĂšre surtout d'une Ɠuvre qu'elle nous questionne, nous dĂ©stabilise". Vous pouvez ne pas partager cet avis, mais il est largement rĂ©pandu chez ceux qui font l'art contemporain, ceux qui l'exposent et ceux qui le recommandent dans les mĂ©dias. Cela dit, l'art contemporain n'a pas inventĂ© cette dĂ©marche. Prenez Gustave Courbet, un peintre du XIXe siĂšcle que vous apprĂ©ciez sans doute – c'est en tout cas le cas de nombreux dĂ©tracteurs de l'art contemporain. Vous trouvez peut-ĂȘtre son Ɠuvre "belle" par sa maĂźtrise de la peinture, mais "quand il a peint Un enterrement Ă  Ornans, un tel rĂ©alisme Ă©tait considĂ©rĂ© comme ce qu'il y avait de plus laid", explique Elisabeth Couturier. "On pensait que l'art devait transcender la rĂ©alitĂ©". Mais si vous cherchez la beautĂ©, elle existe toujours. Jean Blaise, crĂ©ateur du parcours d'art contemporain Le Voyage Ă  Nantes, cite en exemple le Serpent d'ocĂ©an du Chinois Huang Yong Ping, installĂ© en 2012 Ă  Saint-BrĂ©vin Loire-Atlantique. Dans l'esprit de l'artiste, ce squelette de serpent qui entre et sort de l'eau au rythme des marĂ©es "venait nous annoncer de trĂšs mauvaises nouvelles pour la planĂšte". "Mais en plus de donner un message, c'est une Ɠuvre Ă©poustouflante, qui a trĂšs vite Ă©tĂ© adoptĂ©e par tout le monde", se souvient-il. Et Ă  l'inverse, faire du "moche" a parfois un sens. Ainsi, en 2009, Jean Blaise cherche une Ɠuvre Ă  disposer face Ă  la nouvelle Ă©cole d'architecture de Nantes "En voyant ce trĂšs beau bĂątiment, on s'est dit qu'il serait plus intĂ©ressant de le provoquer", plutĂŽt que d'installer une statue qui se serait fondue dans le dĂ©cor. Son Ă©quipe choisit le collectif nĂ©erlandais Van Lieshout, qui conçoit "une espĂšce de gros chewing-gum bleu layette", tranchant avec la perfection moderne de l'Ă©cole. "Jean-Marc Ayrault [alors maire de Nantes] n'a pas du tout adorĂ©, parce que ça venait perturber un magnifique travail. Mais, aprĂšs une longue discussion sur le rĂŽle de l'art, il a fini par comprendre notre dĂ©marche et accepter". Ce qui montre que vous n'ĂȘtes pas le seul Ă  ĂȘtre sceptique, mais qu'on peut revoir ses positions. "Ma fille de 5 ans pourrait faire aussi bien, et moi aussi je pourrais m'y mettre" Si ce que vous admirez dans l'art, c'est le don du Caravage pour peindre la lumiĂšre, on peut comprendre que vous restiez perplexe face Ă  une toile entiĂšrement recouverte de blanc, ou que vous envisagiez d'orienter vos enfants vers une lucrative carriĂšre de peintre minimaliste. MĂȘme si les monochromes apparaissent dĂšs le dĂ©but de XXe siĂšcle, et ne sont donc pas une invention contemporaine, ils illustrent bien ce qui dĂ©range beaucoup de monde au sujet de l'art contemporain une forme de simplicitĂ©. Mais "essayez, vous verrez, ce n'est pas si facile de peindre un monochrome", prĂ©vient BĂ©atrice Joyeux-Prunel, maĂźtre de confĂ©rences en histoire de l'art contemporain Ă  l'Ecole normale supĂ©rieure de Paris. Ces toiles se distinguent les unes des autres par un travail sur la gĂ©omĂ©trie, la texture ou la teinte de blanc, qui n'est jamais totalement pure cette vidĂ©o de Vox, en anglais, vous en dira plus. Mais leur intĂ©rĂȘt rĂ©side aussi dans la dĂ©marche de l'artiste. Eh oui, "tout le monde peut avoir l'idĂ©e d'un monochrome, mais encore faut-il le faire", estime BĂ©atrice Joyeux-Prunel, et, a priori, ce n'est pas votre cas. Et si, demain, vous tentez de vendre Ă  un galeriste une toile simplement couverte de peinture blanche par vos enfants, il n'est pas sĂ»r qu'il l'achĂšte. "Pour que ce soit considĂ©rĂ© comme de l'art, il faut que ce soit adoubĂ© par le milieu", estime Elisabeth Couturier, qui a Ă©crit Art contemporain le guide Flammarion, 2015. Et cette reconnaissance des musĂ©es ou de la critique est attribuĂ©e quand ceux-ci voient que "l'artiste reprend le fil de l'histoire, qu'il emprunte les chemins ouverts par d'autres plasticiens avant lui et qu'il les ouvre encore plus". En clair, qu'il apporte quelque chose de nouveau. Prenez par exemple Fontaine, l'Ɠuvre la plus cĂ©lĂšbre du plasticien Marcel Duchamp il s'agit d'un urinoir en porcelaine, renversĂ© et signĂ© par l'artiste. Vous aussi pourriez en acheter un dans le commerce et tenter de faire la mĂȘme "Ɠuvre". Mais en prĂ©sentant cet objet dans une exposition Ă  New York en 1917 – elle fut refusĂ©e –, Duchamp faisait preuve d'un culot rĂ©volutionnaire, qui a contribuĂ© Ă  redĂ©finir ce qu'est une Ɠuvre d'art, et continue d'influencer des artistes actuels. C'est la dĂ©marche qui en fait une piĂšce majeure. Aujourd'hui, il est donc totalement acceptĂ© dans le milieu de l'art de prĂ©senter des Ɠuvres qui ne demandent pas de technique de la part de l'artiste. Et elles peuvent ĂȘtre saluĂ©es par la critique. Elisabeth Couturier prend pour exemple Mathieu Mercier, un plasticien français contemporain, auteur d'une sĂ©rie d'installations, Drum & Bass, "qui ne sont faites qu'avec des objets que vous pourriez acheter dans un magasin de bricolage. Mais quand vous les regardez, vous ĂȘtes comme devant un tableau de Mondrian", dont vous avez sans doute dĂ©jĂ  vu sans forcĂ©ment le savoir les quadrillages minimalistes et colorĂ©s. "Quand on se prend au jeu, on comprend qu'on peut faire des figures avec autre chose qu'un pinceau et de la couleur." "Vous faites semblant de trouver ça profond, mais ça n'a aucun sens" Vous aviez peut-ĂȘtre beaucoup ri en lisant qu'en 2016, un visiteur du musĂ©e d'art moderne de San Francisco avait posĂ© ses lunettes sur le sol et que certains visiteurs avaient cru qu'il s'agissait d'une Ɠuvre. S'il est juste un blagueur, est-ce aussi le cas de Marcel Duchamp et de son urinoir ? "On peut croire que c'est un escroc, mais il y a des bibliothĂšques entiĂšres remplies d'auteurs qui ont passĂ© leur vie Ă  contempler son gĂ©nie", balaye Elisabeth Couturier. "Ça veut quand mĂȘme dire qu'il a touchĂ© quelque chose. Il a ouvert des milliers de perspectives". Andy Warhol, dont le travail repose grandement sur le fait d'exposer comme des Ɠuvres d'art des objets emblĂ©matiques de la sociĂ©tĂ© de consommation, n'aurait pas existĂ© si Duchamp n'avait pas redĂ©fini ce qui peut ĂȘtre une Ɠuvre. Vous aurez donc du mal Ă  convaincre des gĂ©nĂ©rations d'historiens que l'urinoir de Duchamp n'a en fait aucun sens. Mais il arrive bien sĂ»r aux dĂ©fenseurs de l'art contemporain eux-mĂȘmes de trouver certains artistes, pourtant reconnus, totalement inintĂ©ressants. StĂ©phane Correard, qui tient lui-mĂȘme un salon de galeristes, n'est par exemple pas convaincu par le travail de Daniel Buren, l'auteur des fameuses colonnes installĂ©es dans la cour du Palais-Royal Ă  Paris. "Il a un discours thĂ©orique trĂšs fort, mais en rĂ©alitĂ©, son travail s'est 'spectacularisĂ©' au fil des annĂ©es, et aujourd'hui c'est devenu purement de la dĂ©coration", estime-t-il. Comme pour la musique ou le cinĂ©ma, vous pouvez donc parfaitement trouver sans intĂ©rĂȘt un artiste reconnu. StĂ©phane CorrĂ©ard rĂ©sume "Il y a des choses qu'on aime et d'autres, non. Ce qui n'a pas de sens, c'est d'ĂȘtre pour ou contre l'art contemporain dans son ensemble". "Je ne veux pas avoir besoin d'une notice pour comprendre les Ɠuvres" Vous n'ĂȘtes pas le seul le sujet dĂ©chire aussi les amateurs d'art contemporain. "Dans les Ă©coles d'art, le discours d'un artiste sur son travail a presque plus d'importance que le travail lui-mĂȘme", dĂ©plore ainsi StĂ©phane CorrĂ©ard. "Pour moi, la vĂ©ritĂ© d'une Ɠuvre doit se trouver dans l'Ɠuvre elle-mĂȘme. Ça doit rester quelque chose qu'on pourrait redĂ©couvrir plusieurs siĂšcles aprĂšs et comprendre." Quelle quantitĂ© d'informations faut-il donner au spectateur ? La taille des cartels qui accompagnent les Ɠuvres varie considĂ©rablement selon les musĂ©es. "Il faut donner quelques clĂ©s, mais aussi faire comprendre que ce n'est pas le plus important. Quand on a appris Ă  approcher l'art, les clĂ©s, on va les chercher soi-mĂȘme", estime Jean Blaise, qui a passĂ© sa carriĂšre Ă  installer l'art contemporain dans l'espace public. D'autant qu'une Ɠuvre n'a pas forcĂ©ment qu'un sens, dĂ©terminĂ© par l'artiste. Pour Elisabeth Couturier, "une Ɠuvre forte Ă©voque des tas de choses, que l'artiste a parfois mises inconsciemment". Et il arrive qu'il n'y ait rien de particulier Ă  comprendre. "Un artiste comme James Turrell fait appel au corps et aux sens", avec ses piĂšces vides oĂč il joue sur la lumiĂšre, explique la critique d'art. "Vous entrez et vous ĂȘtes immergĂ© dans une ambiance de couleur, du bleu, du noir. Vous ne voyez plus les arĂȘtes de la piĂšce, il vous fait perdre vos repĂšres, vous osez Ă  peine marcher. C'est magnifique". "Tout ça ne sert qu'Ă  faire de l'argent" Sans doute que la Fiac, avec ses 193 stands oĂč les Ɠuvres sont Ă  vendre, n'est pas l'Ă©vĂ©nement qui vous convaincra du contraire. StĂ©phane CorrĂ©ard trouve Ă©tonnant que "le principal Ă©vĂ©nement d'art contemporain dans l'annĂ©e soit une foire marchande". Dans le milieu de l'art, "la lĂ©gitimitĂ© apportĂ©e par le marchĂ© a dĂ©passĂ© celle apportĂ©e par les conservateurs de musĂ©es", s'inquiĂšte d'ailleurs le critique et collectionneur. Etre vendu cher fera plus de bien Ă  la carriĂšre d'un artiste que d'ĂȘtre admirĂ© par les musĂ©es, qui finissent par suivre les collectionneurs StĂ©phane CorrĂ©ard relĂšve que le Centre Pompidou Ă  Paris expose "Ă  90% des stars du marchĂ©". Vous n'avez donc pas tort en imaginant que l'argent influence au moins une partie de l'art contemporain. MĂȘme le trĂšs connu et trĂšs politique street-artist Banksy n'Ă©chappe pas au fait que ses Ɠuvres soient vendues aux enchĂšres – et quand il met en scĂšne l'autodestruction d'une de ses toiles, elle prend de la valeur. Pour les artistes, il devient difficile de se faire un nom et de vivre de leur art sans plaire aux grands collectionneurs, "des multimillionnaires qui n'ont pas forcĂ©ment une ouverture artistique Ă©norme", prĂ©cise StĂ©phane CorrĂ©ard. "Si les musiciens devaient ĂȘtre financĂ©s par Bernard Arnault ou François Pinault [deux milliardaires français et mĂ©cĂšnes importants de l'art contemporain], poursuit-il, le hard rock ou le rap existeraient-ils ?" Les critiques voient surgir des artistes "qui dĂ©fraient le marchĂ© et dont on se demande pourquoi ils sont mis en avant", estime Elisabeth Couturier, si ce n'est qu'ils plaisent Ă  ceux qui ont les moyens de les acheter. Elle se souvient notamment des "formalistes zombies", des peintres abstraits Ă  la mode en 2014 "et qui ne valent plus un clou aujourd'hui". Leurs tableaux ne portaient aucune idĂ©e forte mais Ă©taient "parfaits pour les dĂ©corateurs", rĂ©sume le New York Magazine. Mais avant de rejeter l'art contemporain parce qu'il aurait vendu son Ăąme, sachez tout de mĂȘme que tout cela n'est pas nouveau. Auteure de Les Avant-gardes artistiques. Une histoire transnationale, BĂ©atrice Joyeux-Prunel rappelle que nombre de ces mouvements d'avant-garde "ont pu innover parce que les artistes vendaient une production plus classique Ă  cĂŽtĂ©", tel Monet, envoyĂ© peindre des vues sur la CĂŽte d'Azur parce qu'elles plaisaient aux collectionneurs amĂ©ricains. En revanche, ce phĂ©nomĂšne prend aujourd'hui des proportions jamais vues dans le cas de certains artistes les plus chers du monde. La production de Damien Hirst ou Jeff Koons s'est transformĂ©e en une industrie qui emploie des dizaines de personnes, pour satisfaire la demande. "Je pense qu'ils sont aujourd'hui plus proches de ce qu'est une maison de couture qu'un artiste", estime StĂ©phane CorrĂ©ard des marques qui produisent de façon crĂ©ative, mais pour vendre Ă  des clients fortunĂ©s. Il imagine mĂȘme un futur oĂč ces stars auraient "vocation Ă  ĂȘtre remplacĂ©es un jour, Ă  la tĂȘte de leur griffe, par de jeunes stylistes qui apporteraient de nouvelles idĂ©es". La mĂ©tamorphose de certains artistes en marques, que vous pouvez dĂ©plorer, serait alors complĂšte. "On ne se souviendra jamais de ces artistes comme on se souvient de Van Gogh aujourd'hui" Cela, vous n'en savez rien, et les professionnels de l'art non plus. "Moi-mĂȘme, je me pose souvent cette question", admet Jean Blaise. "Je pense qu'on ne sait pas lesquels des artistes contemporains resteront Ă  la postĂ©ritĂ©". Ce qui est sĂ»r, c'est que l'art contemporain a un handicap par rapport aux courants qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ© il est contemporain, justement, et le "tri" de l'histoire, qui permet de distinguer les grands artistes des autres, ne s'est pas encore fait. "A l'Ă©poque de Van Gogh, il y avait des centaines de Van Gogh, en moins bons", s'amuse Elisabeth Couturier. Mais ils sont tombĂ©s dans l'oubli, et vous ne les voyez pas sur les murs des musĂ©es. De plus, vous n'ignorez sans doute pas que parmi les artistes entrĂ©s au PanthĂ©on de l'art, beaucoup Ă©taient aussi trĂšs critiquĂ©s en leur temps. "A une Ă©poque, 99% des gens pensaient que Picasso n'Ă©tait pas un artiste", rappelle Jean Blaise. "Aujourd'hui, quand je regarde les personnes en train de faire la queue pour admirer la derniĂšre exposition Picasso, je me dis qu'Ă  l'Ă©poque, elles auraient sans doute dĂ©testĂ©". 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID 2OMP1HeD7xwlDMoDsp6UVL4yARaqQujOV7hgDajbmBhgjMTt5DNU9A== 1En tant que dĂ©rivĂ© du jeu, l’humour, tout comme l’art, intĂ©grerait les principes opposĂ©s de plaisir et de rĂ©alitĂ©, les espaces intrapsychiques et interpsychiques, les instances du conscient et de l’inconscient... Une analyse qui s’alimente autant des textes psychanalytiques » que de l’abondante littĂ©rature critique concernant les courants et tendances de l’art contemporain. 2Humour et art sont deux phĂ©nomĂšnes Ă©nigmatiques, en ce qu’ils opposent une rĂ©sistance Ă  toute analyse et qu’ils risquent de perdre leur attrait une fois mis Ă  nu par une explication. Un tableau de Ben Vautier l’illustre une boĂźte noire avec l’écriture BoĂźte mystĂšre Ă  l’instant oĂč elle sera ouverte elle perdra toute valeur esthĂ©tique. » 3Mais la pulsion Ă©pistĂ©mophilique dĂ©fie cette mise en garde elle nous pousse Ă  ouvrir la boĂźte noire en sachant qu’on n’y parviendra jamais complĂštement. 4Je me limiterai ici Ă  considĂ©rer l’art, que notre Ă©poque appelle plastique », comme hĂ©ritier des beaux arts. 5La question de l’humour dans l’art contemporain a pour moi un Ă©cho personnel. Si je m’interroge sur ce qui me pousse Ă  me rendre aux expositions d’art contemporain, je rĂ©ponds d’abord que j’y cherche une distraction. Je cherche Ă  ĂȘtre amusĂ©e, surprise, pour ressortir avec un bĂ©nĂ©fique chamboulement dans les idĂ©es capable de relancer ma curiositĂ© pour les rĂ©alitĂ©s du monde, de l’époque Ă  venir, de la condition humaine. Bref, je cherche une remise en cause des idĂ©es reçues, qui s’accompagne de plaisir, mĂȘme si parfois elle entraĂźne un certain effroi. En somme, tout le contraire de l’ennui de mon enfance lors des visites si rĂ©pĂ©titives aux musĂ©es et Ă©glises de l’Italie catholique. Dans ces lieux gardiens d’art ancien, Ă©minemment sĂ©rieux, les objets, telles les reliques sacrĂ©es, m’apparaissaient poussiĂ©reux, immuables, sĂ©vĂšres, mĂ©lancoliques. Dans mes souvenirs, ces temples qui conservent l’art sont des contextes oĂč l’humour et le rire sont proscrits. Que les salles de musĂ©e exposent aujourd’hui des Ɠuvres si dĂ©sacralisantes a pour moi le goĂ»t dĂ©licieux du blasphĂšme leur frĂ©quentation me procure le plaisir de la transgression. De plus, en tant que public, je m’offre le confort d’une transgression sans risque le statut officiel du musĂ©e d’art contemporain, leur appartenance au monde culturel, permettent au visiteur de se sentir quelque peu appartenir Ă  ce monde. Donc cela me procure en prime une satisfaction de nature narcissique. 6En tant que sujet contemporain, je me sens parfois Ă  la merci d’importants changements de notre Ă©poque en perpĂ©tuelle Ă©volution, en perpĂ©tuelle crise de valeurs, sans certitudes auxquelles s’accrocher. Le spectacle de l’art contemporain m’offre alors une mise en perspective de ces angoisses, d’une autre nature que celle que l’on peut atteindre par une dĂ©marche purement rationnelle. Il ouvre des perspectives inĂ©dites par la mise en relation d’élĂ©ments a priori distincts qui aboutissent Ă  un nouvel objet original. Il consent un sentiment de lĂ©gĂšretĂ© aussi inattendu sur des sujets graves ou inquiĂ©tants. 7Le rĂ©sumĂ© de ces bĂ©nĂ©fices personnels issu de la contemplation de l’art contemporain correspond aux bĂ©nĂ©fices de l’humour tels que S. Freud et quelques autres de ses successeurs les ont dĂ©crits. La remise en cause des pensĂ©es reçues voire le plaisir de la transgression proviennent de l’émergence soudaine de contenus pulsionnels dans un contexte secondarisĂ© ; le ressenti de lĂ©gĂšretĂ© face Ă  la gravitĂ© de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure correspond au rĂŽle consolateur de l’instance parentale intĂ©riorisĂ©e qui montre au moi-enfant le cĂŽtĂ© risible de ses peurs. L’humour fonctionne comme une dĂ©fense contre la honte, la dĂ©pression, le mĂ©contentement, le dĂ©goĂ»t, le dĂ©sespoir dont l’excellence le rapproche de la sublimation, bien qu’il relĂšve plutĂŽt de l’économie narcissique le moi ne se laisse pas accabler par les calamitĂ©s de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. 8Humour et art sont intimement liĂ©s dans la thĂ©orie psychanalytique. Mais, pour saisir la place que l’humour a prise dans l’expression artistique contemporaine, il faut rappeler que, dans l’histoire de l’art, le comique a Ă©tĂ© exclu ou marginalisĂ©. Pour les anciens, l’humour Ă©tait thĂ©rapeutique de l’humeur par la voie de la catharsis Hippocrate pensait que dans le rire s’écoulaient les excĂšs de bile, l’humeur noire nĂ©faste Ă  l’organisme entendu comme un ensemble psychosomatique ; ce qui rejoint Aristote dans la thĂ©orie de la fonction cathartique d’un spectacle artistique notamment le théùtre. Humour et humeur ont une mĂȘme origine Ă©tymologique que la langue anglaise a conservĂ©e. 9Mais, depuis le Moyen Âge, la conception chrĂ©tienne du rire a prĂ©dominĂ© il Ă©tait du cĂŽtĂ© du mal, du satanique. L’art Ă©tait une affaire sĂ©rieuse, puisque liĂ©e Ă  la religion, puis aussi aux personnages haut placĂ©s dans la politique. Les rares exceptions d’Ɠuvres burlesques Ă©taient considĂ©rĂ©es Ă  la marge de l’art, en tant que formes mineures la caricature. 10Ce n’est que lorsque l’art se donne une tĂąche critique des valeurs, de la religion, du pouvoir Ă©tabli, des institutions y compris celles de l’art lui-mĂȘme, que les conditions propices Ă  l’utilisation de l’humour apparaissent. L’humour peut dire quelque chose de la rĂ©alitĂ© dans laquelle nous vivons et reprendre ainsi une position morale tout en restant ludique. 11La libertĂ© de reprĂ©sentation, la recherche de l’abolition des censures, l’ouverture sur l’exploration de toutes les possibilitĂ©s Ă©lĂšvent l’humour dans ses diffĂ©rentes formes au rang de catĂ©gories est prĂ©sent dans quasiment tous les courants d’art contemporain, aussi divergents les uns des autres. Nous ne choisirons que quelques exemples parmi un nombre continuellement entre art et humour le jeu12Si l’utilisation de l’humour dans l’art ne se trouve lĂ©gitimĂ©e que depuis l’époque moderne, ces deux termes relĂšvent pourtant du mĂȘme domaine tout comme la crĂ©ation artistique, naĂźt de la capacitĂ© de jouer. La particularitĂ© paradoxale du jeu est de faire coexister le principe de plaisir avec le principe de rĂ©alitĂ©. En tant que dĂ©rivĂ©s du jeu, l’humour et l’art hĂ©ritent de lui l’aptitude unificatrice et conciliatrice des opposĂ©s. 14Jouer est une premiĂšre forme de mĂ©taphorisation qui permet le passage de l’objet primaire Ă  l’utilisation d’autres objets, cheminement de la symbolisation qui aboutit au langage comme Ă©ventuellement Ă  l’expression artistique. Le jeu naĂźt de la nĂ©cessitĂ© de dĂ©passer une souffrance, et l’enfant acquiert la maĂźtrise de la situation douloureuse en apprenant par le jeu Ă  se la reprĂ©senter. Par la progressive mentalisation de l’objet, l’activitĂ© du jeu se parachĂšve dans la reprĂ©sentation de choses, puis de mots. La manipulation des reprĂ©sentations de mots a l’avantage de permettre une Ă©norme libertĂ©, dont les rĂȘves, les jeux de mots, sont des exemples. D’autre part, l’activitĂ© de jeu peut aussi aboutir au travail artistique, manipulation d’un matĂ©riau ou de sa motricitĂ© pour concrĂ©tiser des reprĂ©sentations les Ɠuvres. 15Dans Les Mots d’esprit et leur rapport avec l’inconscient, S. Freud fait dĂ©river le Witz esprit et mot d’esprit en allemand du jeu enfantin avec les mots qui reposent sur la rĂ©pĂ©tition du semblable, l’assonance, la redĂ©couverte du connu. CondamnĂ© par la conscience adulte parce que contraire Ă  la raison, le jeu avec les mots ne peut subsister qu’à condition de trouver un sens, pour rĂ©pondre aux nouvelles exigences de l’intellect. Pour ne pas renoncer Ă  ce plaisir du non-sens, pour tromper l’instance critique, l’adolescent cherche Ă  faire du sens dans le non-sens. 16S. Freud retrouve les mĂȘmes procĂ©dĂ©s du travail du rĂȘve dĂ©placement, condensation, figuration, dans ce que l’on a appelĂ© plus tard le travail de l’humour ». L’art plastique aussi peut employer les mĂȘmes procĂ©dĂ©s comme le rĂȘve, il utilise la plasticitĂ© visuelle, comme le Witz celle des mots. 17Art et humour peuvent s’analyser comme un jeu entre un contenu manifeste et un contenu espace interrelationnel18L’espace de jeu correspond Ă  une aire transitionnelle situĂ©e entre rĂ©alitĂ© psychique et rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. Cet espace du comme si » est l’espace de l’illusion D. W. Winnicott, qui participe de l’espace culturel dont l’art est partie intĂ©grante. 19L’humour et l’art partagent la mĂȘme collocation psychique dans un entre-deux. Entre deux instances inconscient et conscient, fantasme et rĂ©alitĂ©. Mais aussi entre deux espaces l’espace intrapsychique et l’espace interpsychique. Car la capacitĂ© de jouer comporte des allers-retours entre des contenus subjectifs, inconscients, et une forme communĂ©ment partageable, secondarisĂ©e. 20L’humour comme l’art permet de rĂ©soudre aussi l’ambivalence de pulsions, il peut exprimer l’agressivitĂ© et garder les liens objectaux ; il garde les investissements narcissiques et objectaux, car, bien que relevant d’un travail essentiellement intrapsychique, il a tout de mĂȘme besoin d’un public pour ĂȘtre communiquĂ©. 21Humour et Ɠuvre d’art se forment Ă  partir d’un dĂ©sir inconscient qu’ils rĂ©alisent de façon imagĂ©e, comme le rĂȘve, le fantasme et le symptĂŽme. Mais, Ă  la diffĂ©rence de ceux-ci, ils s’ouvrent aux autres qui, du coup, pourront partager les bĂ©nĂ©fices narcissiques sans avoir dĂ©pensĂ© l’énergie nĂ©cessaire au travail artistique et-ou au travail de l’humour. 22Le public ainsi transformĂ© en complice des mĂȘmes tendances pulsionnelles exprimĂ©es peut, de surcroĂźt, se sentir appartenir au cercle des initiĂ©s. À son tour, l’approbation du public fonctionne comme miroir rĂ©assurant pour le narcissisme de l’ rire des mĂȘmes choses implique une certaine consonance de fonctionnement psychique. Si elle est absente, le public peut avoir un sentiment d’exclusion, voire de persĂ©cution, d’ĂȘtre la victime dont on rit, si l’Ɠuvre lui semble inaccessible. En tĂ©moignent ceux qui mĂ©prisent l’expression artistique contemporaine parce que, tout en percevant l’existence d’une dimension transgressive et-ou humoristique, elle leur quoi se moque l’art ?23Bien que les prĂ©misses soient prĂ©sentes dans plusieurs courants artistiques, l’on peut faire remonter au dadaĂŻsme et au ready-made de M. Duchamp le dĂ©but d’un positionnement humoristique de l’art sur lui-mĂȘme. 24Un ready-made est un objet dĂ©signĂ© comme Ɠuvre par l’artiste et par son public. Ainsi, un urinoir renversĂ© porte pour titre Fontaine. D’abord, l’ensemble surprend, le titre contraste et confĂšre une perspective nouvelle Ă  ce qui est perçu visuellement. Les associations d’idĂ©es se portent sur le renversement de situation oĂč le flux de l’urine, eau sale, entre dans le rĂ©ceptacle de l’urinoir, alors que, de façon opposĂ©e mais analogue, l’eau propre jaillit d’une fontaine Ă  laquelle est associĂ© communĂ©ment le geste de s’abreuver. Fantasme phallique-urĂ©tral du petit garçon qui a donnĂ© forme Ă  certaines sculptures ornant les fontaines baroques. Mais un renversement analogue dans un autre domaine s’opĂšre ici un objet rĂ©putĂ© vulgaire non seulement parce que reproductible, fabriquĂ© en sĂ©rie, mais aussi en raison de sa fonction, est Ă©lu au rang d’objet d’art, entrant soudainement dans le royaume du sublime. 25L’effet de surprise a sa fonction dans l’humour pendant un instant, l’Ɠuvre nous sidĂšre, nous restons hĂ©sitants. Comprendre l’humour nĂ©cessite la suspension de la morale, de la critique intellectuelle. Nous partageons la mĂȘme mise entre parenthĂšses de ces catĂ©gories avec l’auteur et la satisfaction qui en dĂ©coule. En mĂȘme temps, il nous Ă©pargne le chemin rationnel que nous aurions dĂ» parcourir pour aller d’une idĂ©e Ă  l’autre ou aux autres condensĂ©es dans un mĂȘme mot ou une mĂȘme se moque de lui-mĂȘme26La dĂ©marche transgressive du ready-made touche Ă  l’image de l’art ouvrant la voie Ă  un ensemble infini d’explorations oĂč la critique de la sociĂ©tĂ© est en mĂȘme temps remise en cause de l’artiste, de son propre courant artistique, de l’art en gĂ©nĂ©ral. 27Citons l’exemple trĂšs connu de P. Manzoni du courant de l’ arte povera », la boĂźte de conserve Merda d’artista, de 1961. Parodie de l’Ɠuvre d’art idĂ©alisĂ©e, avertissement que mĂȘme une Ɠuvre d’art est destinĂ©e Ă  sa finale consomption. Ici, la dĂ©sublimation de l’art va de pair avec la dĂ©sillusion de la croyance en sa pĂ©rennitĂ©. Deux reprĂ©sentations opposĂ©es fusionnent l’Ɠuvre et son auteur sont de la merde et ils ne se prennent pas pour de la merde ! L’excrĂ©ment fĂ©tiche qui se vend sur le marchĂ© de l’art retrouve son statut inconscient de matiĂšre d’échange, d’équivalence symbolique Ă  l’argent, voire Ă  l’or, puisque c’était le cours journalier du mĂ©tal fin qui a fixĂ© le prix des canettes de trente grammes ! La sexualitĂ© anale infantile est mise en scĂšne sans entraves. 28L’Ɠuvre consiste en mĂȘme temps en la boĂźte de conserve, avec une Ă©tiquette qui la nomme, et en l’idĂ©e de ce que cet objet reprĂ©sente. La boĂźte perd sa valeur une fois ouverte, tout comme la boĂźte mystĂšre » de Ben. L’artiste B. Bazile qui le fait en 1989 y trouve une autre boĂźte. 29Cloaca de W. Delvoye en 2000 un engin qui reproduit le systĂšme digestif humain. Un ensemble de tuyaux transparents d’allure trĂšs hygiĂ©nique qui, correctement alimentĂ©, produit six heures plus tard des Ă©trons qui sont mis en vente sous cloche. Plusieurs chefs de la gastronomie française se prĂȘtent au jeu et prĂ©parent des plats pour la machine. L’humanisation de la machine montre son revers la mĂ©canisation de l’humain moderne. Instrument Ă  transformer la nourriture en excrĂ©ment, cette sculpture est une vanitas » de la sociĂ©tĂ© de consommation un mĂ©canisme digestif gĂ©ant, complexe, irrĂ©prochablement propre qui ingurgite des quantitĂ©s de nourriture pour ne produire, in fine, que des dĂ©chets commercialisĂ©s. Condensation de deux images de l’homme contemporain la machine et l’animal dans sa forme la moins Ă©voluĂ©e, telle un gastĂ©ropode ! Mais l’art aussi devient, Ă  l’image de l’homme, un immense mĂ©canisme qui produit des excrĂ©ments Ă  se moque des idoles humour cynique30L’art, aujourd’hui, s’est donnĂ© comme l’une des tĂąches la dĂ©nonciation des valeurs de la sociĂ©tĂ©, de ses institutions jusqu’à celles de l’art mĂȘme. 31L’art se moque, dĂ©masque, dĂ©tourne des valeurs qu’il a pourtant officiellement dĂ©passĂ©es. Comme une dĂ©nĂ©gation, il nie l’adhĂ©sion Ă  des codes pourtant reprĂ©sentĂ©s, montrant d’une part son attachement ambivalent Ă  ceux-ci. De lĂ , son besoin de lĂ©gitimation du public, sa recherche de complices rĂ©confortant sa position. L’humour sert alors cette connivence. Il s’agit d’humour tendancieux, car l’on aperçoit la percĂ©e des pulsions partielles dans ce que les Ɠuvres donnent Ă  voir. 32D’Arsen Salvadov, une photographie couleur Donbass-Chocolat, 1997. DerriĂšre une porte ouverte qui sert de cadre, des mineurs semblent poser pour un ballet. Ils sont nus ou en tutus blancs, sales de suie charbonneuse, au regard sĂ©vĂšre et dans des postures fatiguĂ©es par le labeur. C’est une citation des clichĂ©s qui hantent le peuple russe le ballet classique et la force ouvriĂšre. Le premier fĂ©minin, lĂ©ger, Ă©thĂ©rĂ©. La seconde masculine, puissante, musclĂ©e. Une image de l’art russe, dĂ©suĂšte, candide, contrastant avec une rĂ©alitĂ© du travail dure et humiliante. La satisfaction sado-anale de salir, rabaisser un tel idĂ©al artistique et de sociĂ©tĂ©, pour en dĂ©masquer l’hypocrisie. 33À notre Ă©poque qui se dĂ©tache des prĂ©ceptes catholiques, l’humour dans l’art charnel d’Orlan parodie sainte ThĂ©rĂšse du Bernin, les mots de l’Évangile. Il dĂ©nonce aussi la commercialisation de l’art, sous forme de prostitution. 34Beaucoup d’Ɠuvres adoptent une forme humoristique pour dĂ©nigrer la sociĂ©tĂ© commerciale actuelle avec ses corollaires de gaspillage, mauvaise rĂ©partition des richesses et de soucis Ă©cologiques. 35Nus de RĂ©my Le Guilerm, 1994. Devant un mur qui porte la reproduction de La Chute de l’homme et l’expulsion du jardin d’Eden de Michelangelo Buonarroti, un couple aussi nu qu’Adam et Eve pousse un caddie regorgeant de pommes rouges. Ils ont l’air effrayĂ©s, comme s’ils avaient peur d’ĂȘtre surpris ou craignaient une catastrophe. La citation du tableau classique Ă©voque le thĂšme judĂ©o-chrĂ©tien de la faute originelle. Mais le caddie plein Ă  ras bord de pommes au premier plan contraste avec la pomme » unique, Ă  valeur hautement symbolique, qu’Eve propose Ă  Adam. En un seul regard, l’exagĂ©ration nous apparaĂźt grotesque, Ă  la mesure de la commercialisation, de la convoitise des humains d’aujourd’hui. Mais, derriĂšre le contexte actuel, nous sommes renvoyĂ©s au thĂšme plus universel de l’aviditĂ© orale archaĂŻque du bĂ©bĂ© jamais rassasiĂ© qui guette en nous. L’envie du bon sein gĂ©nĂ©reux de la mĂšre-terre nous pousse Ă  dĂ©sirer le vider de tout son lait. D’oĂč la crainte d’une rĂ©torsion et l’angoisse d’ĂȘtre dĂ©truit ou rejetĂ© par elle. 36Le land art opĂšre dans sa dĂ©marche un renversement humoristique le paysage n’entre plus dans le tableau, il devient lui-mĂȘme tableau », Ɠuvre. 37Un exemple qui ne passe pas inaperçu est celui des empaquetages de monuments de Christo. Paradoxe visuel dans le paysage urbain le monument est cachĂ©-montrĂ©, effacĂ©-soulignĂ©, illustrant la rĂ©gression Ă  la reprĂ©sentation de choses oĂč le principe de contradiction est inopĂ©rant. 38Tandis que, d’habitude, le monument passait inaperçu, son emballage attire le regard, le rendant soudainement plus dĂ©sirable, comme un cadeau qui invite Ă  le dĂ©couvrir, comme le corps de l’amant qui invite Ă  le dĂ©shabiller. C’est aussi un rappel que mĂȘme le monument, malgrĂ© sa charge d’art et d’histoire, n’est qu’une marchandise emballĂ©e, prĂȘte Ă  ĂȘtre consommĂ©e. Du coup, l’humour touche aussi l’image de l’art et de l’artiste qui cache, emballe les monuments dĂ©jĂ  faits, au lieu de les conceptuel pousse la question ouverte par le ready-made jusqu’à ses extrĂȘmes consĂ©quences l’art consiste en l’idĂ©e, vĂ©hiculĂ©e par le discours. Les Ɠuvres finissent par ressembler, Ă  s’y mĂ©prendre, Ă  des mots d’esprit, quelques-uns devenus cĂ©lĂšbres comme des proverbes. En France, les exemples les plus connus sont ceux de la sĂ©rie de tableaux » de Ben Vautier oĂč la figuration du mot tableau » le reprĂ©sente comme un tableau noir d’école sur lequel apparaissent des parodies de maximes dans une Ă©criture cursive blanche comme Ă  la craie. L’humour joue ici sur le double sens du mot dont l’un est donnĂ© Ă  voir par la figuration, comme dans un rĂȘve. Mais l’humour, dans chacun de ses tableaux », rĂ©side dans une multiplicitĂ© de sens. Citons, par exemple, on est tous ego ». Ici, l’écriture est dĂ©viĂ©e de son orthographe attendue, laissant apparaĂźtre une autre pensĂ©e sous-jacente Ă  on est tous Ă©gaux ». À la lecture, un seul mot recouvre deux idĂ©es diffĂ©rentes, mais qui se renvoient l’une l’autre c’est l’égocentrisme de chacun qui nous rend tous pareils. L’apparence est celle d’un lapsus calami involontaire d’un enfant qui ignorerait l’orthographe. Mais l’esprit naĂŻf rĂ©vĂšle une vĂ©ritĂ©. Ce mot d’esprit faussement inoffensif, selon la catĂ©gorie freudienne, dĂ©shabille, en rĂ©alitĂ©, comme le mot Ă  tendance sexuelle et, comme le mot Ă  tendance hostile, il attaque, dĂ©voilant ainsi l’intĂ©rĂȘt narcissique qui hante et contredit le principe Ă©galitaire, fondement de notre sociĂ©tĂ© dite dĂ©mocratique ».L’art se moque de la mort l’humour noir39Dans le type d’humour dit noir », le moi lutte contre l’angoisse de castration, dont l’extrĂȘme est bien l’angoisse de mort. Le macabre est rabaissĂ©, ridiculisĂ© au profit du narcissisme. 40Du courant Panique » de Pan, dieu de l’amour, de l’humour et de la confusion, Abel Ogier sculpte l’ Homme bĂ©quille » un homme cul de jatte, nu, se servant de bĂ©quilles qui sont en fait ses jambes. 41Comme une image de rĂȘve, l’humour ici joue sur la condensation bĂ©quilles et jambes il est handicapĂ©, mais il a ses jambes Ă  la place des bĂ©quilles
. L’impression visuelle, d’abord effrayante, laisse vite la place Ă  l’idĂ©e que le handicap est d’une autre nature, que la difficultĂ© Ă  maintenir la station dĂ©bout et Ă  marcher est celle de l’artiste en tant que homo erectus » d’assumer sa position existentielle qui lui permettrait un regard vers l’horizon et une avancĂ©e vers l’ noir s’exprime dans le body art, ce qui ne surprend pas puisque cette forme artistique qui fait du corps son Ɠuvre et son mĂ©dium porte de façon exacerbĂ©e la question de la finitude corporelle comme limite. Ainsi M. Journiac propose un Contrat pour un corps en 1972 une transformation post mortem de son squelette en Ɠuvre d’art Vous pariez pour la peinture, votre squelette est laquĂ© blanc. Vous pariez pour l’objet, votre squelette est revĂȘtu de vos vĂȘtements. Vous pariez pour le fait sociologique, l’étalon-or, votre squelette est laquĂ© or. » Les deux conditions du contrat mourir et lui cĂ©der son corps Ardenne, 2001. L’artiste transforme votre dĂ©pouille en Ɠuvre impĂ©rissable. C’est faire un pied de nez Ă  la mort, se consoler avec l’idĂ©e d’une certaine forme de pĂ©rennitĂ© se moque de sa capacitĂ© de crĂ©er l’humour sceptique42À notre Ă©poque dite postmoderne », l’humour devient souvent sceptique. Certains courants en Ă©taient les prĂ©curseurs, par exemple le pop art, mais mĂȘme sous une forme prosaĂŻque d’images publicitaires, d’objets de consommation les plus vulgaires et communs, l’art avait encore son mot Ă  dire. 43Or, l’on voit aujourd’hui apparaĂźtre des formes d’art qui semblent crier le dĂ©sespoir de l’ancien proverbe Nihil novi sub sole. 44L’attitude d’autodĂ©rision devient franchement autodĂ©prĂ©ciative avec Sherrie Levine, simulationniste des annĂ©es quatre-vingt, qui reflĂšte la perte de foi dans l’art comme moyen de changement de la sociĂ©tĂ©. Sa dĂ©marche radicale consiste Ă  signer des reproductions de tableaux d’auteurs connus. Sa signature s’accompagne de celle du maĂźtre, par exemple S. Levine after Morandi », oĂč after » peut se traduire par d’aprĂšs » et-ou aprĂšs ». C’est une forme d’humour dĂ©sespĂ©rĂ© qui exprime un sentiment d’impasse de l’art et du monde postmoderne, un sursaut du moi qui cherche malgrĂ© son accablement Ă  reprĂ©senter l’affect mĂ©lancolique qui ne laisse pas de place Ă  l’espoir, au futur. Il n’y aurait plus de crĂ©ation possible, que de la recrĂ©ation. La rĂ©fĂ©rence aux maĂźtres ne laisse plus d’espace au sujet l’idĂ©al du moi Ă©crase le narcissisme. 45L’humour tire gĂ©nĂ©ralement profit d’une souffrance, comme le masochisme Ă  cette diffĂ©rence prĂšs qu’il la dĂ©joue sans l’ignorer, il ne l’érotise pas. Mais l’humour sceptique dans l’art postmoderne laisse trop passer l’impuissance, le dĂ©sespoir, il arrive mal Ă  les contredire. La sidĂ©ration de l’effet de surprise risque de se figer au lieu de se dĂ©tendre en un sourire de et art s’expriment dans l’espace de l’illusion, espace de libertĂ© nĂ©cessaire Ă  l’équilibre psychique de l’individu comme Ă  celui de la sociĂ©tĂ©. En cela, ils aident Ă  soulager la tension entre les deux pĂŽles de l’existence la rĂ©alitĂ© interne et la rĂ©alitĂ© externe. 47L’humour offre une solution contre des affects qui pourraient menacer l’intĂ©gritĂ© du moi. Il s’agit donc d’un enjeu narcissique. Il n’est pas surprenant que l’humour apparaisse dans l’art Ă  notre Ă©poque si hantĂ©e par les menaces narcissiques dont elle cherche, par tous les moyens, Ă  se dĂ©fendre. 48L’humour dans l’art contemporain dĂ©fie l’angoisse d’anĂ©antissement, les valeurs de la sociĂ©tĂ© et ses propres idĂ©aux, jusqu’à s’attaquer – ce qui est plus rĂ©cent – aux fondements mĂȘmes de son existence. 49Mais l’humour possĂšde la capacitĂ© de se reprendre pour sortir de l’impasse tout peut ĂȘtre relativisĂ©, rĂ©cupĂ©rĂ© et mis en perspective symbolique. Comme ce tableau de Ben qui nous servira de conclusion Cela ne sert Ă  rien de vous stresser, respirez, souriez, laissez-vous aller, tout est art. »

l art sert il a quelque chose